Voici près d’une quinzaine d’années que je pratique cet art, souvent considéré comme mineur ou relevant de l’art brut, qu’est le collage. Mes œuvres sont essentiellement réalisées à partir de papier, de cartons et tout est assemblé avec de la colle… Je me suis interdit, en guise de contraintes artistiques, de recourir à la photocopie, à la numérisation et aux logiciels de retouche. Chaque œuvre est donc unique. J’ai tout de même fait une exception lorsque j’ai illustré, en 2017, la nouvelle de Dave Wakely, Mr Gibson Checks In, pour la revue Holdfast Anthology.
Pourquoi le collage ? Et pourquoi pas ?… Je pourrais vous parler du plaisir de manipuler des ciseaux et de celui de toucher le papier, de collectionner les supports, d’agencer les éléments retenus pour leur donner sens. Il y a surtout cette fascination pour l’image, pour ces représentations que la Société aime à donner d’elle-même. Jouer avec ces images, les assembler, les télescoper est une manière de remettre en question notre quotidien, de « mettre en pièces » le mirage de ce qui est donné pour être la réalité…
A ce jeu de déconstruction répond celui, plus riche, de reconstruction car nous offrons au regard une autre vision, souvent humoristique, du Monde. Mes collages sont ainsi à considérer comme autant de puzzles, de miroirs ou de kaléidoscopes… Chaque œuvre raconte une histoire mais c’est au spectateur d’en bâtir la trame à partir des éléments agencés qui sont autant de symboles… Les interprétations sont infinies et changeantes. Les titres sont seulement des pistes suggérées.
C’est un univers où le surréalisme et le symbolique voisinent en bons termes que je vous invite à découvrir. La figure tutélaire est la Femme puisque, d’une certaine manière, mes collages s’inscrivent dans le prolongement de mes recherches universitaires sur le roman féminin, l’écriture féminine. Docteur ès Lettres, j’ai consacré ma thèse à L’Image de l’Homme dans les romans de Rachilde et de Colette. Je suis notamment l’éditrice critique de Georges de Peyrebrune. De la Société des gens de lettres au jury du prix Vie Heureuse (2016), de L’Ange et les Pervers de Lucie Delarue-Mardrus (2017). Mon dernier opus est consacré au club des Belles Perdrix, premier club gastronomique féminin, fondé dans les années 30.